« Des années que j’attendais de voir
les Ramoneurs de Menhirs, composé entre autre de Loran le guitariste des Béruriers Noirs, que j’ai toujours considéré comme un groupe à part dans le panorama musical français. A part et captivant, par leur musique simple et si nouvelle, ainsi que par leur coté anarchiste (ce que je ne suis pas) qui me me fascinait pourtant. Enfin les Ramoneurs sont à Vauréal, ce soir, dans la salle du Forum, que je commence à bien connaître. Du monde, beaucoup de monde, des jeunes, des vieux, des punks de 50 ans avec la crête le kilt et les Doc Martens. Tout ce petit monde va cohabiter sans aucun problème pendant toute la soirée.
Moi je n’avais pas tout compris, lorsque sur le billet il y avait écrit le nom du groupe et en dessous, en caractères légèrement plus petits, celui de
Louise Ebrel, chanteuse traditionnelle bretonne et accessoirement fille des sœurs Goadec... je pensais qu’elle ferait la première partie. Erreur, grossière erreur de ma part : elle faisait partie du groupe! Avec les potes on s’installe au premier rang mais prudemment sur un des cotés. La scène est encombrée de pieds de micros, 8 ou 9 me semble t’il. Les membres du groupe arrivent discrètement, commencent par accorder leur instruments et dès 21h, toute la troupe démarre tambour battant.
Quand je parle de la troupe cela veut dire que outre Loran se trouvent sur scène les deux sonneurs (biniou et bombarde), un chanteur traditionnel qui va évoluer toute la soirée en charentaise, un second guitariste de 9 ans, et pour compléter le tout Louise Ebrel, qui affiche 80 années au compteur. Le tout va se résumer en 3h10 d’un concert explosif, festif ou la bonne humeur est de rigueur. Et surtout la musique des Ramoneurs espèce de mélange savant entre ce que pouvait proposer en leur époque les Béruriers Noirs et la musique bretonne, grâce notamment aux instruments traditionnels tels le biniou et la bombarde. 3H10 c’est long et pourtant nous ne verrons pas le temps passer tant le plaisir est immédiat lorsque l’on entend les riffs punks qui émanent de la guitare de Loran suivis par les notes puissantes et jouissives de biniou- bombarde. Mais le plus de la soirée ce sera bien sûr la présence de Louise Ebrel, qui va donner une leçon de jeunesse et surtout apporter un énorme courant de sympathie et de bonheur tout au long de la nuit. Le répertoire alterne les morceaux que je qualifie de folklore Breton (sans le sens péjoratif), qui récoltent l’adhésion de tout le public, et une autre partie qui réactive
certains morceaux des Béruriers Noirs avec parfois une orchestration un peu différente, due au mélange explosif de biniou et bombarde. On citera entre autre "Vive le Feu", on aura droit aussi à la reprise de Sham 69 "If The Kids Are United" et bien sur de violentes diatribes contre le pouvoir en place, sans oublier le nombre de candidats se déclarant « du peuple ». Et pour finir sur ce volet un peu plus politique on aura droit au maintenant traditionnel «
La Jeunesse emmerde le front national », repris en chœur par tout le public.
Hors politique cette fois, nous avons bien rigolé lors du passage consacré à Nolwenn Leroy, bien mise en boite non seulement par Loran mais aussi et surtout par Louise Ebrel, qui du coup en profitera pour nous chanter a capella quelques chansons traditionnelles des plus connues, mises en valeur dans les années 70 par Alan Stivell et récemment reprises par Nolwenn Leroy (dont la carrière stagnait). Maitre Loran a un look d’apache breton, une ceinture avec pleins de petites sacoches autour de la taille, sans oublier une grande corne évidée, à la ceinture, lui permettant de boire en tout occasion. Maitre Loran ne veux pas que le concert s’achève! Le groupe va donc continuer à jouer jusqu'à minuit, heure à laquelle les hostilités auraient dues s’achever, mais Loran après avoir éteint son ampli et salué le public... il décide d’un coup de remettre le couvert. Et hop la boîte à rythme se remet en marche (ah oui très important cette Boîte, comme du temps des Bérus) et on repart pour 10 minutes de folie !!! Ce n’est qu’a 0h10 qu’il décide de rendre définitivement les armes, car il faut pas oublier que le RER se trouve assez loin et que la salle à elle aussi des exigences... sans ces contraintes, Dieu seul sait quand le concert ce serait terminé.
Grande et belle soirée, sans avoir vu le temps passer! Je file dévaliser le merchandising ultra fourni, pendant que Loran l’insoumis discute et pose avec le public. Ce mec là, je l’admire par son authenticité, par son engagement sans faille envers un tas de cause même si moi, pauvre petit bourgeois, je suis bien loin de son charisme.
Voila un des tout meilleurs concerts de ce début d’année, sinon le meilleur. »